La COP 21 prendra-t-elle les décisions nécessaires pour agir contre le réchauffement climatique ?

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Le réchauffement climatique observé au cours des 50 dernières années est deux fois plus rapide que celui observé en un siècle de 1906 à 2005. D’après les thèses des scientifiques, la température moyenne sur le globe pourrait augmenter de 1,8° C à 4° C. Cela provoquerait des désastres écologiques et humains dont on peut étudier les prémices aujourd’hui par la multiplication et l’intensité grandissante des phénomènes climatiques.

Les origines de ce réchauffement climatique sont maintenant bien connues et les modifications qu’il provoque continuent à être observées par de nombreux scientifiques de différents domaines. Les conséquences du réchauffement concernent l’ensemble de la planète. Tous les continents Europe, Amérique, Asie, Afrique, Australie, 195 pays et l’Union Européenne seront donc représentés à la COP 21 qui se déroule à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Aujourd’hui, nous ne voyons que la partie émergé de l’iceberg : fonte des glaces, recul des glaciers, élévation du niveau de la mer, acidification des océans... mais il aura sur toute la planète des sécheresses ou des tempêtes dont l’intensité ira en grandissant si rien n’est fait. Une partie de la faune et de la flore risque de disparaître, la biodiversité pourrait être réduite de 30%

Comme pour toute négociation, et celle de la COP 21 ne déroge pas à cette règle, il y a recherche des responsabilités. Aujourd’hui la Chine est le pays qui produit le plus de CO²par an. Ces dernières années son industrialisation massive et galopante a abouti à ce résultat et cela provoque de graves problèmes de santé de la population. Si on rapporte la production annuelle de CO² au nombre d’habitants, le Qatar est le pays qui arrive en tête avec 44 tonnes par habitants pour une population de 2,1 millions. Les Etats Unis sont en 11e position avec 17 tonnes par an. La France se situe à la 83e place du classement avec 5,81 tonnes alors que la Chine est classée 59e avec 6,71 tonnes de CO² par an par habitant (source banque mondiale année 2011)

Mais la source d’augmentation du CO² dans l’atmosphère est plus ancienne. C’est à ce titre que les pays en voie de développement interpellent les pays industrialisés (Etats Unis, Canada, Russie, Angleterre, Allemagne, France...) qui ont été les plus gros producteurs au cours du dernier siècle, et mettent en avant leur responsabilité face au réchauffement de la planète. En brûlant les énergies fossiles  (pétrole, charbon, gaz, uranium, etc.) depuis la période dite moderne ou industrielle, nous avons changé notre vie et celle de notre planète terre en libérant des tonnes et des tonnes de CO² stockées depuis des millénaires ! Pouvons-nous continuer ainsi ?

Les énergies fossiles doivent être remplacées par des énergies renouvelables accessibles à tous, avant d’aller dans le mur. Plus étonnant, les calculs de la production des gaz à effet de serre sont basés sur la consommation par secteur de l’énergie fossile. Ainsi calculés la production d’énergie nucléaire semble propre !  Bien sur les risques inhérents à cette production devraient nous faire réfléchir, surtout après les différents accidents nucléaires polluant terre et eau pour des millénaires. L’énergie nucléaire n’est ni propre ni exempte de production de CO² : l’extraction du minerai d’uranium, son transport, son traitement pour être utilisé dans la centrale ou en tant que déchet, la construction des centrales, son démantèlement... consomment de l’énergie fossile.  Il en est de même pour toutes les autres activités et en calculant de la sorte, l’agriculture industrielle remporte le trophée de la production de gaz à effets de serre, comme nous le montre cette vidéo.

Le système alimentaire industriel mondial contribue pour près de 50% aux émissions de gaz à effet de serre. Pour la Confédération Paysanne qui est la créatrice de cette vidéo, seule la démarche d’agriculture paysanne peut « refroidir » la planète. En effet si on compte la production des intrants (engrais, pesticides, etc.), la production agro-alimentaire industrielle, le transport lié à notre alimentation..., l’agriculture « hors sol » est la première productrice de gaz à effet de serre.  12310434_10205053768492367_4201302336229642844_n
En tant que consommateur « final », quel est donc notre propre responsabilité dans la production de gaz à effet de serre ?  Une autre vidéo de la confédération paysanne nous invite à réfléchir sur nos propres choix de consommation car « ça chauffe dans notre assiette »  En regardant dans notre assiette, nous pouvons voir toutes nos (mauvaises) habitudes de consommation qui au final aboutissent à des solutions peu respectueuses de notre environnement. Nos propres choix ont donc une incidence sur le réchauffement planétaire ; nous pouvons par exemple privilégier les transports en commun, sortir plus souvent notre vélo, et manger local et même si possible bio (circuit court où le travail du paysan est mieux rémunéré). La déforestation, en vue de produire de l’huile de palme ou d’exporter illégalement des bois tropicaux issus de la forêt primaire d’Amazonie, a aussi des conséquences sur le climat. Du fait que le gaz carbonique n’est plus stocké dans ces arbres, l’oxygène vital pour notre survie diminue, via aussi la respiration des arbres. De plus quand on détruit ce milieu le pourcentage d’humidité produit par la forêt a tendance à baisser et à produire une quantité moindre de précipitations à l’échelle planétaire.

Mais revenons à la responsabilité  de nos dirigeants qui se réunissent à Paris pour la COP 21. Lors de la Conférence de Copenhague en 2009, les 195 pays représentés n’avaient pas pu trouver un terrain d’entente. Ils avaient repoussé à 2015 la signature d’un accord global.  « L’Humanité est en état d’urgence, à un cheveu du point de rupture », a récemment averti Nicolas Hulot, dans un entretien au Journal du Dimanche. « A force de repousser les décisions nécessaires, la probabilité de résoudre la crise climatique, qui elle-même amplifie toutes les autres crises, s’amenuise. »

La crise climatique n’est que l’écran de fumée qui cache des crises bien plus profondes telles que celle suscitée par le partage des richesses entre pays pauvres et riches. Les pays en voie de développement, à juste titre, ne veulent pas faire les frais d’accords qui auraient tendance à privilégier les pays industrialisés, en freinant leur propre développement. Qui actuellement subit les conséquences du réchauffement planétaire ? Ce ne sont pas les grands pays mais des pays comme le Groenland, les Seychelles ou les nombreux atolls de l’océan pacifique (Tonga, Polynésie). Les pays pauvres se demandent donc qui va payer ? En Afrique, le réchauffement se fait sentir par la succession de situations climatiques extrêmes : forte sécheresse, forte pluie preuve d’un dérèglement des saisons. Le sous-secrétaire général de l’ONU aux Changements climatiques, Janos Pasztor, interrogé par Jeune Afrique, soulignait que

« Beaucoup de pays pauvres sont déjà touchés par le réchauffement climatique et vont continuer à l’être. Ils réclament donc un dédommagement. »
Il exprimait aussi que cette demande est légitime.

Pour Michèle Rivasi fondatrice du CRIIRAD et eurodéputée, « il faut aussi un engagement des Etats pour défendre la biodiversité et réduire la pollution des océans. La COP 21 ce n’est pas seulement le climat, c’est tout ce qui fait qu’on peut vivre sur la planète. La pollution de l’air a un impact considérable sur la santé des gens ». (Source journal La Tribune  www.e-tribune.fr) Le réchauffement climatique soulève donc d’autres questions d’ordre éthique. Les discussions de la COP 21 doivent les englober. De nombreuses organisations et associations ont souligné que le document de travail de la COP 21 est insuffisant. Vu l’état d’urgence décrété suite aux attentats du 13 novembre, les manifestations prévues à Paris par la société civile ont été interdites. Pour s’exprimer, les organisations ont alors imaginé d’autres façons de manifester leurs attentes afin que le débat sur le climat tienne compte des problèmes de société sous-jacents. Ainsi des chaussures ont remplacé les manifestants sur la place de la République à Paris et une chaîne humaine s’est constituée sur les trottoirs de la capitale.

Des artistes et activistes ont aussi détourné des panneaux publicitaires et les messages qu’ils véhiculent habituellement pour interpeller les responsables. Des rassemblements ont eu lieu dans d’autres régions de France et dans d’autres pays. S’exprimant sur la COP 21, Pierre Rabhi, en France un des pionniers de l’agroécologie alerte :

« Le système dans lequel nous vivons est régulé par les grandes puissances multinationales et d’ailleurs parler de croissance économique est absurde au départ. Aujourd’hui on est dans la surabondance, mais on n’est pas forcément heureux pour autant. »
(Source journal La Tribune  www.e-tribune.fr)

En effet, nous pouvons nous poser de sérieuses questions sur la finalité de la COP 21 et sur les résultats qu’elle produira, s’il s’agit juste pour les gouvernements de s’organiser pour faire durer l’existant et de trouver des solutions « climatiques » pour que le système économique perdure en essayant de limiter la casse. Ne pas changer de paradigme, ne pas rechercher une autre voie pour notre monde seraient une erreur ! Dans le cadre de la COP 21, l’organisation internationale chrétienne A ROCHA organise une conférence pour réfléchir à cette espérance que nous pouvons susciter. Même si certains « climat-sceptiques » peuvent souligner que notre planète en a vu d’autres et qu’elle n’est pas en danger par la seule production humaine des gaz à effet de serre, ces questions débattues dedans et autour la COP 21 doivent nous interroger sur la société que nous désirons pour demain.

Nathanaël Bechdolff

Par le même auteur: Faire pousser des légumes sans eau, est-ce possible ?


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